LE MONDE

1er novembre 2012

 

M. Kawnik, pourfendeur du "lobby funéraire"

Profil

MICHEL KAWNIK, l'infatigable président fondateur de l'Association française d'information funéraire (AFIF) œuvre bénévolement depuis vingt ans après avoir été effaré, lors du décès d'un proche, par les méthodes commerciales du secteur. Vingt années de combat contre le "lobby funéraire", d'enquêtes menées en jouant les clients mystère, et même en se faisant embaucher, qui lui ont parfois valu de recevoir par la poste des cercueils en carton...
        Chaque jour, le site de ce sexagénaire qui travaille dans l'exportation enregistre 4 000 connexions, son téléphone sonne 20 fois, il tente de convaincre que, oui un devis préalable est indispensable, et que, non, toutes les prestations proposées ne sont pas nécessaires. "80 % des sociétés de pompes funèbres agissent sans aucune éthique commerciale spécifique au domaine du funéraire. Leur seule politique est celle du tiroir-caisse. Tout est fait pour que les obsèques coûtent le plus cher possible" explique-t-il.
        En cas de décès dans un centre de soins, il y a gratuité d'hébergement du corps pendant trois jours, rappelle-t-il. Un défunt peut également rester jusqu'à six jours à domicile où il est parfaitement possible de réfrigérer le corps.
"Mais les sociétés de pompes funèbres poussent au transfert vers une chambre funéraire parce qu'il faut bien faire tourner véhicules et salariés !" s'agace-t-il. Ses relevés l'attestent. Entre le nord et le sud de la France, ou la région parisienne, les prix passent du simple au triple. Au sein d'un même secteur géographique, ils fluctuent encore du simple au double.
        Les crémations - qui représentent un tiers des funérailles aujourd'hui, après un doublement en une décennie - devraient logiquement revenir à 30% moins cher que les inhumations. Elles sont aussi coûteuses, et même davantage dans un tiers des cas. "On vend aux familles des cercueils en bois massif alors qu'il en existe de plus légers et moins coûteux pour les crémations, on rajoute constamment des prestations, par exemple 350 euros pour disperser les cendres au cimetière...".

Stratégie commerciale

         Et l'on joue l'urgence comme stratégie commerciale. "Nous, nous disons qu'il n'y a plus aucune urgence. Prenez les pages jaunes rubrique pompes funèbres. Téléphonez à trois ou quatre entreprises en posant quelques questions simples. Quel est le premier prix pour un cercueil destiné à la crémation ? Quel est le coût du corbillard, des porteurs, leur nombre ? Si l'entreprises ne veut pas répondre, fuyez !" Car c'est aux familles de défendre leurs propres intérêts, a compris M. Kawnik. "Ce ne sont pas les sociétés de pompes funèbres qui s'en chargeront."

Pascale Krémer
 

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