L'HUMANITE MAGAZINE

 26 octobre 2023

Cimetières écologiques : à Ivry-sur-Seine, on repose en paix… avec la nature

Rester écolo jusque dans la mort, c'est maintenant possible. Fini le stèles en marbre, les cercueils vernis et les produits chimiques pour traiter le corps des défunts… Pour protéger l’environnement, le cimetière d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), propriété de la Ville de Paris, a développé un espace funéraire écologique.
Améline Améline Roussel

Une inhumation produit jusqu’à 833 kg de CO2, soit presque autant qu’un aller-retour Paris-New York en avion, estime une étude menée par Durapole et Verteego en 2017, commandée par les Services funéraires de la Ville de Paris. La pollution des cimetières reste pourtant un phénomène méconnu.

Pour réduire cette empreinte tout en renforçant le lien avec la nature, des collectivités tentent de trouver des solutions. En France, le premier cimetière écologique a vu le jour en 2014, à Souché, à côté de Niort (Deux-Sèvres). L’initiative a inspiré la Ville de Paris, qui a développé un concept d’inhumation respectueuse de l’environnement à Ivry-sur-Seine, en créant un espace funéraire écologique en 2019.

Réduire l’impact sur l’environnement

En ce début d’automne, les rayons du soleil effleurent les noms des défunts. Sur l’avenue de la Division 44, le contraste est frappant. Deux carrés sont séparés par une rangée d’arbres et de verdure. D’un côté, d’imposants monuments en pierre se dressent sur le terrain.

En face, des stèles, en bois cette fois, reposent dans l’herbe, sans pierre tombale. Bienvenue dans l’espace funéraire écologique. « Nous l’avons construit dans l’ancienne partie du carré militaire. C’était un secteur disponible dans lequel il n’y avait plus de défunt », explique Sylvain École, chef de service des cimetières de la Ville de Paris, propriétaire de six cimetières extra-muros en région parisienne. Cet espace compte 105 emplacements dont 43 déjà attribués, c’est-à-dire occupés par des défunts ou réservés. Depuis, d’autres projets similaires ont fleuri, comme au cimetière de Thiais, où 650 emplacements sont disponibles.

Ici, pas de pierres tombales. « Tout est conçu pour que l’impact soit le plus faible possible », poursuit le chef de service des cimetières. Seules les urnes biodégradables et les cercueils en bois ou carton sont autorisés. « On refuse le granit car c’est une roche qui est majoritairement importée d’Asie avec un impact environnemental extrêmement fort », précise-t-il.

Le règlement autorise les minéraux, mais ils doivent venir de carrières locales pour rester dans « l’esprit du cimetière ». Toutes les stèles sont en bois qui, lui aussi, doit provenir de forêts franciliennes et être « travaillé sans traitement ni vernis chimique ».

Certaines stèles portent une croix, d’autres le symbole de l’arbre de la vie. Si les plaques et autres décorations sont prohibées, les fleurs sont bien sûr autorisées. Elles poussent à même la terre. Les cercueils sont enterrés en pleine terre et le creusement se fait à la main. « C’est un effort physique pour les fossoyeurs, qui mettent deux à trois heures là où une machine met quarante minutes », admet Sylvain École. Quant aux produits de conservation du corps, ils sont tout bonnement interdits. Enfin, les défunts sont habillés avec des vêtements en fibres naturelles.

Le règlement autorise les minéraux, mais ils doivent venir de carrières locales pour rester dans « l’esprit du cimetière ». Toutes les stèles sont en bois qui, lui aussi, doit provenir de forêts franciliennes et être « travaillé sans traitement ni vernis chimique ».

Certaines stèles portent une croix, d’autres le symbole de l’arbre de la vie. Si les plaques et autres décorations sont prohibées, les fleurs sont bien sûr autorisées. Elles poussent à même la terre. Les cercueils sont enterrés en pleine terre et le creusement se fait à la main. « C’est un effort physique pour les fossoyeurs, qui mettent deux à trois heures là où une machine met quarante minutes », admet Sylvain École. Quant aux produits de conservation du corps, ils sont tout bonnement interdits. Enfin, les défunts sont habillés avec des vêtements en fibres naturelles.

Le règlement autorise les minéraux, mais ils doivent venir de carrières locales pour rester dans « l’esprit du cimetière ». Toutes les stèles sont en bois qui, lui aussi, doit provenir de forêts franciliennes et être « travaillé sans traitement ni vernis chimique ».

Certaines stèles portent une croix, d’autres le symbole de l’arbre de la vie. Si les plaques et autres décorations sont prohibées, les fleurs sont bien sûr autorisées. Elles poussent à même la terre. Les cercueils sont enterrés en pleine terre et le creusement se fait à la main. « C’est un effort physique pour les fossoyeurs, qui mettent deux à trois heures là où une machine met quarante minutes », admet Sylvain École. Quant aux produits de conservation du corps, ils sont tout bonnement interdits. Enfin, les défunts sont habillés avec des vêtements en fibres naturelles.

Un acte militant qui gagne du terrain

S’il reste difficile aux agents de demander pour quelles raisons les familles choisissent ce mode d’inhumation, Sylvain École observe que, « pour certains, c’est un acte militant, en tout cas, c’est une préoccupation qui progresse ». Ce choix peut aussi s’expliquer par le prix. Dans cet espace, une concession pour dix ans à une profondeur d’un mètre revient à 156 euros, quand, dans le reste du cimetière, elle s’élève à 200 euros.

Du côté des services de pompes funèbres, l’initiative n’a pas suscité le même intérêt. « Ce sont des entreprises commerciales. Elles font leurs chiffres d’affaires sur les pierres tombales, les stèles et surtout la vente de cercueils. Et le granit coûte plus cher que le bois ou le carton », estime Sylvain École.

Mais l’engouement se poursuit. En Bretagne, le cimetière de Stang-Bihan, à Quimper (Finistère) créé en 1988, a été labellisé espace végétal écologique en 2021. Le lieu proscrit l’usage de pesticides ou d’engrais et favorise le recyclage des déchets végétaux et la rationalisation de la consommation d’eau. En 2022, c’est au tour de la commune d’Aytré, en Charente-Maritime, d’inaugurer son premier cimetière naturel.

De quelle manière la thanatopraxie pollue-t-elle les sols ?

Il existe des techniques de conservation par l’intermédiaire du froid physique avec des lits et rampes réfrigérantes, la pose de sachets de glace carbonique et les chambres mortuaires dans les hôpitaux. À cela s’ajoutent des techniques chimiques de conservation comme la thanatopraxie, qui consiste à aspirer le maximum de sang et d‘air et à injecter 6 à 10 litres de formol. C’est un produit toxique, un poison. Avec l’inhumation, cela pollue les nappes phréatiques.

Dans un certain nombre de pays européens, les actes au formol sont interdits ou extrêmement contrôlés, avec des autorisations exceptionnelles en cas de rapatriement par exemple. Mais la France l’autorise même avant une crémation, alors même que cela dégage des molécules toxiques. Depuis 2018, une loi impose aux crématoriums de s’équiper de filtres pour empêcher la propagation de mercure, métaux lourds et de certains gaz, mais les formaldéhydes s’échappent malgré tout.

Qu’en est-il des cercueils ?

Les cercueils sont généralement recouverts de quatre ou cinq couches de vernis au polyuréthane (matière dérivée du plastique), ce qui est polluant. On trouve également des cercueils en bois massif avec une cire ou des produits peu toxiques, mais cela vient davantage des demandes des familles que de propositions faites par les pompes funèbres.

Une alternative existe, avec des cercueils en papier et en carton, fabriqués à l’aide de papier à l’eau et de colle biodégradable. Mais le lobby des pompes funèbres fait en sorte que nombre de ces sociétés ne mettent pas ces cercueils en exposition ou à disposition des familles endeuillées. Beaucoup n’en vendent pas, car la marge est inférieure à un cercueil en bois massif. En comparaison, les trois quarts des cercueils vendus en Suisse sont en carton.

Les services de pompes funèbres peuvent-ils jouer un rôle ?

Les pompes funèbres ne parlent pas de formolisation ou de conservation chimique, mais de soins de conservation et de présentation. Naturellement, les familles donnent leur accord. Elles pensent qu’il s’agit uniquement de coiffure, de maquillage et d’habillement. Par la suite, quand elles voient le tarif grimper à 300 euros, elles se posent des questions. C’est un abus de faiblesse. Il faut savoir que les obsèques représentent la dépense la plus élevée, après l’habitat et l’achat d’une voiture. En 2019, le chiffre d’affaires du marché funéraire français s’élevait à 2,5 milliards d’euros.

« Un cadavre sera polluant qu’il y ait inhumation ou crémation »

Pour Michel Kawnik, président fondateur de l’Association française d’information funéraire (Afif), la pollution est inévitable.

De quelle manière la thanatopraxie pollue-t-elle les sols ?

Il existe des techniques de conservation par l’intermédiaire du froid physique avec des lits et rampes réfrigérantes, la pose de sachets de glace carbonique et les chambres mortuaires dans les hôpitaux. À cela s’ajoutent des techniques chimiques de conservation comme la thanatopraxie, qui consiste à inspirer le maximum de sang et d‘air et à injecter 6 à 10 litres de formol. C’est un produit toxique, un poison. Avec l’inhumation, cela pollue les nappes phréatiques.

Dans un certain nombre de pays européens, les actes au formol sont interdits ou extrêmement contrôlés, avec des autorisations exceptionnelles en cas de rapatriement par exemple. Mais la France l’autorise même avant une crémation, alors même que cela dégage des molécules toxiques. Depuis 2018, une loi impose aux crématoriums de s’équiper de filtres pour empêcher la propagation de mercure, métaux lourds et de certains gaz, mais les formaldéhydes s’échappent malgré tout.

Qu’en est-il des cercueils ?

Les cercueils sont généralement recouverts de quatre ou cinq couches de vernis au polyuréthane (matière dérivée du plastique), ce qui est polluant. On trouve également des cercueils en bois massif avec une cire ou des produits peu toxiques, mais cela vient davantage des demandes des familles que de propositions faites par les pompes funèbres.

Une alternative existe, avec des cercueils en papier et en carton, fabriqués à l’aide de papier à l’eau et de colle biodégradable. Mais le lobby des pompes funèbres fait en sorte que nombre de ces sociétés ne mettent pas ces cercueils en exposition ou à disposition des familles endeuillées. Beaucoup n’en vendent pas, car la marge est inférieure à un cercueil en bois massif. En comparaison, les trois quarts des cercueils vendus en Suisse sont en carton.

Les services de pompes funèbres peuvent-ils jouer un rôle ?

Les pompes funèbres ne parlent pas de formolisation ou de conservation chimique, mais de soins de conservation et de présentation. Naturellement, les familles donnent leur accord. Elles pensent qu’il s’agit uniquement de coiffure, de maquillage et d’habillement. Par la suite, quand elles voient le tarif grimper à 300 euros, elles se posent des questions. C’est un abus de faiblesse. Il faut savoir que les obsèques représentent la dépense la plus élevée, après l’habitat et l’achat d’une voiture. En 2019, le chiffre d’affaires du marché funéraire français s’élevait à 2,5 milliards d’euros.

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