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        LE PARISIEN
 
         30 octobre 2014   
		Pas très écologique, la crémation
		Toussaint. Le succès de l'incinération pose des problèmes 
		environnementaux, notamment à cause des émanations de mercure et de 
		solvants. Les crématoriums doivent se mettre aux normes avant 2018.Frédéric Mouchon  Quasiment inconnue des 
		Français il y a trente-cinq ans, la crémation est désormais privilégiée 
		dans plus d'un tiers des cérémonies d'obsèques. Ce qui n'est pas sans 
		conséquences sur la qualité de l'air. Dioxine, monoxyde de carbone, 
		oxydes de soufre, oxydes d'azote, composés organiques volatiles, acide 
		chlorhydrique, acide sulfurique. .. 
		l'éventail des émanations toxiques rejetées par les crématoriums est 
		grand. Des polluants émis notamment par les solvants et les vernis des 
		cercueils mais aussi par les amalgames dentaires en mercure des défunts.
 
 « Les Anglais ont calculé que la crémation dégageait 1,35 t de mercure 
		par an et on estime que les crématoriums français sans filtre sont 
		responsables du tiers du total des 
		émissions gazeuses de mercure », affirme le président de 
		l'Association française d'information funéraire (Afif), Michel Kawnik, 
		qui s'inquiète des conséquences sanitaires de ces retombées polluantes 
		pour les riverains.
 
 Alors que la moitié des établissements de l'Hexagone a déjà été épinglée 
		pour des problèmes de conformités relatives aux rejets de poussières, 
		l'Etat a publié un arrêté en février 2010 fixant « les quantités 
		maximales de polluants contenus dans les gaz rejetés à l'atmosphère ». A 
		charge pour les installations neuves et celles déjà en fonctionnement de 
		respecter ces normes au plus tard en février 2018. C'est déjà le cas à 
		Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), seul site en France  à 
		avoir obtenu une subvention régionale de 100 000 € pour financer 
		notamment un système de filtration des poussières, des acides et des 
		métaux lourds, entre autres.
 
 « Malheureusement, tous ne seront pas équipés de systèmes de filtration 
		en 2018, prévient François Michaud Nérard, vice-président de l'Union du 
		pôle funéraire public et directeur général des services funéraires de la 
		Ville de Paris. Sur 167 crématoriums en service, 82 n'ont toujours pas 
		passé commande pour se mettre en conformité. » François Michaud Nérard 
		appelle donc les exploitants et les collectivités locales à « prendre 
		leur responsabilité en termes d'environnement et d'éthique ». « Surtout 
		que la France se situe loin derrière les autres pays européens, déjà 
		largement équipés de systèmes de filtration », précise-t-il.
 
 « Les pays du Nord, l'Allemagne, la Belgique et la Grande-Bretagne ont 
		commencé depuis plusieurs années à s'équiper, souligne l'Afif. Le coût 
		d'installation de filtres, après une trentaine d'années d'exploitation, 
		revient à seulement 2 € supplémentaires par crémation. » On pourrait 
		encore aller plus loin, en recyclant l'énergie produite au lieu de la 
		laisser s'évanouir dans la nature. « Le plus grand crématorium danois 
		permet de chauffer deux écoles », raconte François Michaud Nérard, 
		tandis qu'à Paris, celui du Père-Lachaise récupère l'énergie pour 
		chauffer les salles du crématorium.
 
 
				
				
				
				
				
				
				
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