CARIBCREOLENEWS

7 novembre 2014

 

La mort n’est certainement pas une délivrance pour les vivants.

 07 Nov 2014   

Comment assurer la survie, le développement et le bien être d’une population de plus en plus nombreuse massée sur des territoires devenus exigus, sans interroger la démographie et les politiques d’urbanisme qui en découlent ?

Notre réflexion ne portera pas cette fois sur la problématique du logement, des problèmes d’hygiène, de terres disponibles pour l’agriculture ou le commerce, voire la création ou la rénovation des équipements publics.

Parce que la période s’y prête, parce que c’est un des casse-tête des municipalités et des familles, cet édito portera sur le problème de nos cimetières devenus trop exigus. Il faut sans rire revoir le dicton, car la mort n’est certainement pas une délivrance pour les vivants.

La plupart des cimetières de nos grandes villes et communes, ont atteint en effet leur capacité maximale d'accueil. Exode rural, développement économique, gestion approximative, voire fantaisiste des espaces publiques, ont bouleversé l’image d’Epinal de la petite commune avec le cimetière jouxtant l’église et l’école.

Les cimetières hélas ne sont pas élastiques. Et pour s’en sortir, aucun maire ne peut, comme le maire de Cugnaux de l’agglomération toulousaine l’a fait en décembre 2007, prendre un arrêté visant à interdire à toute personne de décéder sur le territoire de sa commune. Derrière cette décision prise par la municipalité Cugnalaise, se cache plus sérieusement la question très sensible de la saturation du cimetière de cette commune.

Il faut en prendre acte. C’est vrai, chez nous aussi, beaucoup de nos cimetières, n’offrent plus de possibilité d’extension du fait de l’urbanisation des quartiers dans lesquels ils sont situés. A part St-Claude où un nouveau cimetière est en train d’être construit, il n’y a pas eu de créations récentes faute de foncier adéquat. Un problème récurrent auquel se retrouvent aujourd’hui confrontées de nombreuses communes ayant connu une croissance démographique importante ces dernières années. Les morts doivent recevoir une sépulture, c’est la règle depuis la nuit des temps, sous toutes les latitudes. C’est même une obligation sanitaire d’ordre public. En la matière, il y va de la responsabilité des maires explique Michel Kawnik, président fondateur de l’Association française d’information funéraire (A.F.I.F.), organisme indépendant, : “Il est de la responsabilité du maire d’assurer la gestion du cimetière. Celle-ci doit être rigoureuse, car toute mairie à l’obligation de permettre à quelqu’un qui est domicilié dans la commune, qui y décède ou qui y dispose d’une concession de famille, de pouvoir faire l’acquisition d’un emplacement pour y être inhumé. Cependant, il faut préciser que rien n’oblige le maire à donner suite à une demande d’acquisition d’une concession avant le décès. Au moment du décès, il lui sera par contre imposé d’y répondre favorablement”.

Pour ne pas courir le risque de se retrouver hors la loi, les municipalités ont donc l’obligation d’anticiper toute saturation de leur cimetière, celui-ci étant aujourd’hui devenu, pour une commune, un équipement tout aussi capital qu’une crèche ou qu’une école. Il faut bien comprendre que la gestion d’un cimetière fait partie des attributions de la municipalité, qui se doit donc de prévoir et d’anticiper les besoins de la population. Ce n’est pas une gestion qui se fait du jour au lendemain, en fonction de la demande ou des besoins du moment. D’autant plus que la réglementation quant à l’implantation d’un nouveau cimetière, soumise à l’autorisation délivrée par la préfecture et à l’avis de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales, est souvent très contraignante et très longue (entre 6 et 10 ans).

L’autre solution qui s’offre alors aux mairies pour s’assurer la possibilité de répondre favorablement à toute demande d’acquisition d’emplacements est la reprise de concessions dite “perpétuelle” pour ensuite les réattribuer. Mais là aussi, la démarche est très réglementée et peut prendre plusieurs années.

Il n’est donc pas inutile de rappeler à nos élus, actuels et futurs, que même pour un cimetière, la gestion du bien commun, cela ne s’improvise pas.

RJC

 

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