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2 novembre 2013

 

Obsèques : "Parfois, la réalité dépasse la fiction"

En moyenne, des obsèques coûtent environ 3.000 euros selon une enquête Que Choisir de 2011. Le marché funéraire ne connaît pas vraiment la crise, au regard du nombre de décès annuel (plus de 559.000 enregistrés en 2012 selon l'Insee) ; il peut même s'avérer lucratif : les obsèques représentent la troisième dépense des ménages après l'habitat et la voiture. 

Depuis 1993, les communes ne gèrent plus le service extérieur des pompes funèbres, qui veillait à ce que des funérailles laïques puissent être organisées pour ceux qui le souhaitaient. Jusque dans les années 1990, les communes déléguaient cette tâche à des entreprises qui exerçaient un monopole, à l'instar des Pompes Funèbres Générales (PFG), propriété de la Lyonnaise des eaux jusqu'en 1997. 

Abus de tous genres


L'ouverture du marché devait permettre à de nouvelles entreprises de s'installer, et créer une concurrence faisant baisser les prix. Un raté selon Michel Kawnik, président de l'Association française d'information funéraire(Afif), qui ne mâche pas ses mots. Il raconte des dizaines d'anecdotes, un peu amer, clairement en colère : funérailles payées deux ou trois fois, pompes funèbres qui font passer pour obligatoires des services optionnels, devis très vagues qui trompent le client. Selon lui, «  la réalité dépasse parfois la fiction  ».

Premier élément propre au marché funéraire : un service public géré par des sociétés commerciales dans un environnement concurrentiel. 
Les familles qui n'ont pas les moyens peuvent faire inhumer ou crématiser un défunt à la charge financière de l'Etat. Chaque cimetière doit être pourvu d'un « carré des indigents » qui a cette vocation. 
Quant aux familles qui peuvent financer des obsèques, elles doivent composer avec de nombreuses offres parfois difficiles à décrypter, et ce dans un état de fragilité émotionnelle.

Les pompes funèbres fixent elles-mêmes leurs tarifs. « Un produit similaire peut aller du simple au double. Il faut donc faire jouer la concurrence, s'informer de la législation en vigueur pour discerner ce qui est obligatoire de ce qui ne l'est pas et demander des devis », explique Michel Kawnik. La désinformation peut coûter extrêmement cher aux familles qui n'en ont pas forcément les moyens, et qui sont de plus en plus nombreuses à le contacter pour divers abus.

Termes vagues

Pour le président de l'Afif, les sociétés de pompes funèbres exercent « la loi du silence, s'entendent et optent pour des termes vagues ». Exemple concret : les « soins de présentation ». « On comprend l'habillage et le coiffage. En fait il s'agit de "soin de conservation" qui impliquent l'injection de 8 à 10 litres de formol dans le corps du défunt, ce qui dure une heure et demie et coûte cher ». D'autre part, cette injection est formellement interdite dans le judaïsme et l'islam. 

Pour éviter ce genre de situation, il faut demander des explications et se donner le droit de refuser certaines prestations, quitte à les barrer sur le devis. 
Autre technique de « captation de la clientèle » selon Michel Kawnik : la culpabilité.« Certains opérateurs vous font croire que si vous ne dépensez pas, vous ne respectez pas. Ce n'est pas normal d'agir ainsi sur la corde sensible », martèle-t-il. 

Et les contrats d'obsèques ?

Le président de l'Afif ne voit pas dans les contrats d'obsèques une solution aux abus :« 95 % de ces contrats sont en fait des assurances-vie qui débloquent un capital en cas de décès. Les placements se font à un instant "t" et l'argent travaille à hauteur de 2 %, quand les tarifs des entreprises funéraires augmentent de 4 % à 8 % par an. Rien ne dit que le capital de départ couvrira la dépense ». Mieux vaut effectuer un règlement d'obsèques à l'avance, qui consiste en un contrat passé entre l'assurance et les pompes funèbres.

Michel Kawnik rappelle qu'en cas de décès, les sociétés peuvent prélever la somme dédiée aux obsèques directement sur le compte du défunt.

 

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Association Française d'Information Funéraire