LA DEPÊCHE

 Mai 2012

Des conseillers funéraires pas toujours scrupuleux

obsèques

Certains conseillers funéraires ne proposent que les cercueils les plus chers à leurs clients pour gonfler les factures./ Photo DDM Illustration.
Certains conseillers funéraires ne proposent que les cercueils les plus chers à leurs clients pour gonfler les factures./ Photo DDM Illustration.

Certains conseillers funéraires de Haute-Garonne ne font pas toujours preuve d'honnêteté face au deuil de leurs clients. Certains gonfleraient même la facture des funérailles, avec ou sans accord de leur patron.

Lucas* en a ras-le-bol. Conseiller funéraire depuis cinq ans dans une entreprise historique de Toulouse, le jeune homme a été formé sur le tas, par des confrères de la vieille école, des hommes de conviction. Tout en faisant leur travail de commercial de l'obsèque, ceux-ci veillaient à accompagner les familles en deuil. « Il est de plus en plus difficile de rester honnête dans mon entreprise. Parce que ceux qui ne le sont pas, sont ceux qui gagnent le mieux leur vie et ont des beaux chiffres de vente, félicités par le patron », confie le garçon qui ne veut pas pour autant « jeter le discrédit sur l'ensemble de la profession ».

Payés en partie à la commission sur les prestations obsèques qu'ils font signer, certains de ses collègues profitent de l'égarement de leurs clients en deuil pour faire grimper le prix des funérailles. Ni vu ni connu. Et dans le même magasin de pompes funèbres, pour la même cérémonie, selon qu'on a affaire à un conseiller ou un autre, la prestation peut différer de plusieurs centaines d'euros. « Par exemple, certains de mes collègues ne présentent pas les cercueils d'entrée de gamme, les moins chers, dans leur catalogue. Parfois, ils facturent de la main-d'œuvre supplémentaire, refacturent des prestations déjà comprises par ailleurs. Quand un défunt a une assurance obsèques et que la famille est loin, ils écoulent les invendus ou prennent les articles les plus chers, mettent des quantités prohibitives de fleurs », relate Lucas.

« Le funéraire est un service public qui a été délégué au commercial. Il n'y a pas de réglementation sur les prix qui sont libres. Du coup, c'est la politique du tiroir-caisse », explique Michel Kawnik, président de l'Association Française d'Information Funéraire (AFIF), association indépendante. « Dans Toulouse et sa région, aucune entreprise n'a voulu signer notre charte ou communiquer ses prix… »

« Ce n'est pas parce que certaines entreprises sont peu scrupuleuses, qu'il faut généraliser », assure Thierry Morales, directeur des pompes funèbres Roc-Eclerc sur Toulouse. Il complète : « Normalement, toute agence doit avoir des devis et bons de commandes détaillés. Selon moi, tout y est bien défini. Certaines fois, des coûts supplémentaires imprévus s'ajoutent mais le client est averti. Les prix sont par ailleurs affichés en magasin et le client peut comparer, regarder. Les pompes funèbres sont aussi relativement contrôlées et les prestations informatisées. On ne peut pas faire n'importe quoi. Avec l'ouverture à la concurrence et la fin du monopole en 1998, les entreprises sont devenues de plus en plus raisonnables. Et les clients attentifs aux prix. Certes chacun pratique ses prix, et il y a peut-être des abus, mais c'est comme dans toutes professions. Les clients ne doivent pas hésiter à aller voir ailleurs, comparer. D'ailleurs à Toulouse, beaucoup d'entreprises se situent les unes à côté des autres. »

Plus de 140 entreprises de pompes funèbres exercent en Haute-Garonne. Lors d'un contrôle national de la répression des fraudes en 2010 (DDPP), 14 d'entre elles ont été contrôlées. Sept ont été épinglées notamment pour des manquements d'information au client.

*Le prénom a été modifié


Le chiffre : 3 900

euros > Prix moyen des funérailles. C'est le prix moyen appliqué en France actuellement, selon l'État. Des obsèques simples coûtent généralement 2 500€. Qu'il s'agisse de crémation ou d'inhumation, le prix est au final, à peu près le même pour le client.

« Il n'y a pas de réglementation sur les prix des funérailles qui sont libres. Du coup, c'est la politique du tiroir-caisse. »

Michel Kawnik, président de l'AFIF qui milite pour la transparence et la baisse des prix.

 

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