ALTERNATIVE SANTE
 

Numéro 382, novembre 2010
 

 

   

Au moment où nous célébrons le souvenir de nos morts, nous pouvons aussi réfléchir à la meilleure manière de rejoindre notre dernière demeure.
Pour mieux respecter les vivants.
 

 

L'ultime chemin

 

 

En France ce n'est pas facile de mourir « durablement ». L'offre funéraire écologique de cercueils « verts », est confidentielle et la majorité des entreprises de pompes funèbres pensent davantage à leur marge bénéficiaire qu'à la protection de l'environnement et la santé des populations. La crémation, souvent considérée comme plus écologique, car nécessitant moins d'espace que l'inhumation, pose aussi problème. Pourtant, les habitudes funéraires des français évoluent. Ils se soucient de plus en plus, avant leur mort, de ne pas participer après, à la pollution de la planète et de respecter ainsi les vivants. Selon une étude Sofres récente, 36 % des familles se disent « sensibles à la protection de l'environnement » dans leur choix funéraire.

 

Incidences écologiques

Depuis de nombreuses années l'Association française d'information funéraire, Afīf (1) dénonce la pollution liée à l'inhumation et à la crémation. Pollution des nappes phréatiques pour la première et de l'air pour la seconde. « Aujourd'hui, constate Michel Kawnik, responsable de cette association, seuls 5 des 140 crematoriums  français possèdent des filtres permettant d'éviter les rejets de métaux lourds, de dioxine et de mercure (4 à 5 gr d'amalgames dentaires en moyenne par personne). Une attitude invraisemblable compte tenu de l'augmentation croissante du nombre de crémation, près de 30 % à l'heure actuelle, et de la parfaite connaissance des conséquences de cette pollution sur la santé. Tous les pays européens sont équipés de filtres. En France une circulaire ne les rend obligatoire qu'en 2018... Pourtant, des études montrent que le surcoût par personne pour une crémation sans pollution serait inférieur à 20 euros !

Selon les Nations-Unies, la crémation contribue à 0,2 % des émissions mondiales de dioxine et de furane. C'est également la deuxième source de mercure en suspension dans l'air en Europe, à cause donc des fameux amalgames dentaires. « De plus, lors de la crémation, insiste Michel Kawnik, on devrait utiliser un cercueil en contreplaqué sans vernis pour éviter les colles et la térébenthine comme au Danemark. Mais, dans notre pays, les pompes funèbres sont très conservatrices... »

 

Une gamme éco-responsable

En effet, l’offre essentielle des entreprises de pompes funèbres consiste en des cercueils en bois massif, souvent précieux, qui viennent du bout du monde et sont traités avec des produits toxiques pour voyager : vernis, teintures, peintures biocides, plomb... « Face à la demande écologique, la filière répond pour l'instant par une gamme éco-responsable sans vernis ni peinture et dont le capitonnage est biodégradable. Mais ils sont chers et cela n’évite pas de continuer à couper les arbres », insiste Michel Kawnik. En effet, le Choix funéraire, numéro 2 des réseaux de pompes funèbres, a lancé un cercueil en bois « éco-conçu », sans solvant, composé de bois issu de forêts « durablement gérées », et de capitons en matière naturelle.

 

 

En carton biodégradable

La vente de cercueils en carton biodégradable connaît aujourd'hui une croissance importante dans certains pays comme la Belgique, la Suisse et la Grande-Bretagne. La fabrication de ces cercueils nécessite en effet huit fois moins de bois que celle d'un cercueil classique. Leur utilisation préserve les forêts et l'environnement pour les générations futures, alors que certains bois exotiques (santal, acajou…) sont transportés sur des milliers de kilomètres pour finir incinérés ou enterrés.

Les entrepreneurs de pompes funèbres éprouvent un enthousiasme limité pour le cercueil carton, un produit peu rentable. « Un modèle en carton coûte de 200 euros à 350 euros, c'est-à-dire beaucoup moins cher que les autres. Ils sont composés de fibres recyclées sans chlore, de colle végétale et de peintures à l’eau. Ils sont aujourd’hui sont disponibles chez AB crémation, des pompes funèbres près de Nîmes mais le lobbying des pompes funèbres fait de l’obstruction et cette société peine à les diffuser et à se faire connaitre. L’argument est aussi qu’au moment de la combustion, ils boucheraient les filtres des crématoriums… Ce qui est totalement faux. Mais il faut savoir que ce sont les sociétés de pompes funèbres qui gèrent aussi les crématoriums…. Et que comme par miracle, dans les autres pays ils ne bouchent pas les filtres. Ces produits écologiques non polluants existent depuis 1998 et notre association s’engage à soutenir les entreprises qui voudront agir avec courage, intelligence et responsabilité ». Ce produit convient pour l'inhumation et la crémation où le temps d'incinération de 90 minutes est deux fois plus court que pour un cercueil en bois.

 

Des injections à limiter

En France et en Angleterre (70% de crémation aujourd’hui car il n’y a plus de place pour enterrer les morts, et les réductions sont interdites), des soins de présentation (thanatopraxie) sont systématiquement proposés. La thanatopraxie, qui limite provisoirement le processus de putréfaction, est très pratiquée en France sans aucune réglementation à la différence des autres pays européens où sont interdits lorsqu’il y a crémation. Non seulement ces injections de formol polluent la nappe phréatique, mais elles émettent de la dioxine et sont délétères pour les personnes qui les manipulent. « Si elles peuvent être conseillées lors d’un transfert de corps, elles doivent être proposées avec discernement. Aujourd’hui, la plupart des personnes meurent à l’hôpital et vont de celui-ci dans une chambre funéraire munis de chambres froides. Lors d’une mort à domicile la glace carbonique fait très bien l’affaire. Il est de la responsabilité des professionnels de la santé et du funéraire de rechercher d’autres techniques excluant l’utilisation de ces produits dangereux ». L'injection d'une dizaine de litres de produits formolés est donc à proscrire pour qui veut préserver l'environnement !

 

Habillé de fibres naturelles

On pensera aussi à habiller son défunt de préférence à l’aide de fibres naturelles. On hésitera à choisir une onéreuse pierre tombale en marbre non seulement à cause du coût mais parce que sa production est génératrice de carbone, il vient la plupart du temps d’Asie. En Grande-Bretagne, de nombreux cimetières naturels ont vu le jour. L’espace est aménagé et entretenu de la façon la plus naturelle possible. Une fois plein, ils retournent à la nature. Quant aux cendres, il existe aussi désormais des urnes écologiques. Attention, il existe aujourd’hui une législation qui interdit de les répandre n’importe où et n’importe comment.

 

L’arbre-mémoire

 Enfin, peut être une formule porteuse d’avenir, le jardin de mémoire comme celui situé dans le golf du Morbihan. On vous propose un arbre assuré et garanti de 1 à 99 ans. Vous disposez de l'arbre-mémoire à votre convenance, vous pouvez y recevoir votre famille et même vos amis si vous le souhaitez. C'est votre arbre, tout simplement.
 

 

Martine Laganier

 

 

(1) L’Association française d'information funéraire (Afif) est le seul organisme qui s’adresse en quelque sorte aux consommateurs. On y trouve des renseignements précis et utiles qui permettent de faire le tri dans les offres des pompes funèbres et face auxquelles, bien souvent, vu les circonstances, on est particulièrement démuni.

Siège social : 9, rue Chomel 75007 PARIS  -  tél. - fax : 01 45 44 90 03

Site internet : www.afif.asso.fr

 

 

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