LIBERATION

31 octobre 2007

ECO2GRAPHIE - Chaque mercredi, le bilan écologique d'un produit

 

Durable, le cercueil peine à devenir propre

 

Du carton recyclé, des colles végétales et des peintures à l’eau. Le cercueil écologique existe. Problème : pour trouver, acheter et utiliser ce produit, il faut aujourd’hui traverser les frontières. La Belgique, la Suisse, ou la Grande-Bretagne en sont notamment friandes. La France, elle, a pour ainsi dire laissé couler une chape de plomb sur le dossier. Raison officielle : des problèmes qui surviennent lors de la crémation, difficilement vérifiables.

Dommage. Car les cercueils «verts» valent vraiment le coup. Respectueux de l’environnement, ces produits coûtent aussi moins cher qu’un cercueil traditionnel. Et ça, les sociétés de pompes funèbres n’apprécient pas trop.

Car le marché du funéraire pèse lourd. 540 000 Français passent chaque année l’arme à gauche. Des décès qui génèrent près de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires par an. Pas question donc de laisser filer des recettes ou de froisser l’industrie du bois. Chez PFG, numéro un du secteur avec plus de 20 % de parts de marché, on préfère d’ailleurs botter en touche. «Pourquoi nous n’utilisons pas de carton recyclé ? Parce que nous ne saurions pas le faire en interne et qu’il faudrait délocaliser nos usines à l’étranger», affirme-t-on à la communication du groupe.

Le bois a donc la vie dure. Les essences privilégiées sont le sapin, le hêtre, ou le frêne, tous en provenance directe de nos forêts. Mais les fabricants de cercueils ont également recours à des bois rares et précieux, comme l’acajou ou le santal, qui parcourent des milliers de kilomètres pour finir dans nos cimetières. Pour Michel Kawnik, président de l’association française d’information funéraire (Afif), c’est «une vraie aberration écologique. Les technologies et le savoir-faire existent, il est ridicule de ne pas en faire profiter la planète», poursuit le bouillant responsable.

A défaut de cercueil en carton, peut-être serait-il plus «responsable» de privilégier la crémation. Si les Français étaient en retard sur le sujet (0,4 % en 1975), ils ont en tout cas fait volte-face (28 % aujourd’hui). Précision d’importance tout de même : la réglementation française prévoit que l’incinération du corps se fasse obligatoirement à l’intérieur d’un cercueil. Le résultat revient donc au même. Consumé à plus de 800 degrés pendant une durée de 90 minutes, le cercueil part en fumées, plus ou moins toxiques selon la quantité de peintures ou de vernis présente sur l’objet. Deux alternatives figurent donc au menu. L’immortalité – pas encore téléchargeable sur le Net – ou le cercueil à la Lucky Luke. Quatre planches de sapin, pas de colle, pas de vernis, aucune peinture, histoire de partir en toute sobriété.

Par la rédaction de TERRA ECONOMICA

 

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Association Française d'Information Funéraire