PANORAMA - LE RÉPUBLICAIN DE L'ESSONNE
14 au 20 octobre 1999

Pompes funèbres :
la fin d'un monopole

Cela peut paraître surprenant, mais
jusqu'au 1er janvier1998, les Fran-
çais  n'étaient  pas libres  de choisir
celui qui allait les mettre en terre...
    Depuis 1904,  une loi  concédait
un   privilège   exclusif    aux   com-
munes  dans  le  domaine  funéraire.
Les   villes    pouvaient  créer   une
régie   municipale,   soit    déléguer
leur  privilège  à un  concessionnai-
re     privé,      généralement      les
Pompes       funèbres      générales
(PFG),   très  souvent  placées  en
position  de  monopole  en  Esson-
ne,  les  30  communes  de plus de
10.000  habitants,   toutes  avaient
passées  un  accord avec  les PFG.
Seule la  ville de Corbeil-Essonnes
avait   conservé   une   régie.   Une
situation  de  monopole  unique  en
Europe  qui  a  pris  fin  grâce   aux
mesures  d'harmonisation  au   sein
des   pays   membres   de   l'Union
européenne.                                  

Les mentalités évoluent    

    Aujourd'hui, il est donc possible
pour  chaque  particulier de choisir
librement  le prestataire qui s'occu-
pera   de   ses   obsèques  ou    de
celles  d'un  proche.  Et   du  coup,
c'est     le   consommateur   qui    y
gagne.                                         
    Selon   l'Association   Française
d'Information Funéraire (Afif)   qui

se  bat depuis des années pour la
libéralisation  du marché du funé-
raire, depuis 1998, le coût moyen
des obsèques  aurait  déjà  baissé
de près de 15 % !  « Aujourd'hui
la concurrence est libre.  Les prix
baissent   et,  surtout, les services
rendus       aux         familles    se
multiplient  »   affirme  son  prési-
dent, Michel Kawnick.                
    Si le marché évolue, les menta-
lités  aussi.    «  Les  clients  n'ont
plus peur de négocier les prix. Ils
le font lorsqu'ils achètent un cana-
pé;  c'est naturel qu'on s'adapte à
notre  tour »  confesse   le patron
d'une petite entreprise de pompes
funèbres. Toujours selon l'Afif,  si
seulement    3 %    des   Français
demandaient un devis en 1992, ils
seraient   plus  de  50 %   aujour-
d'hui...                                        
     « Il  faut en finir avec l'hypocri-
sie  et  le  tabou.   Perdre  un  être
cher, c'est  douloureux.   Mais  ce
n'est  pas une  raison pour se faire
arnaquer  par  des gens qui  profi-
tent parfois du désarroi et du cha-
grin  pour  vendre  leurs produits »
insiste  Michel  Kawnick,  devenu
en  l'espace de quelques années la
bête  noire  de  beaucoup d'entre-
prises  de pompes funèbres qui se
contentaient  d'un  système  où  la
concurrence  était  limitée   et   les
marges  importantes.  «   Imaginez
que  la  plus importante société de

pompes   funèbres,  les  PFG,   se
classait  au  33e  rang des sociétés
les   plus    rentables   de    France
en  1995 !  »                                 

La loi du silence                           

    Un   monopole  qui   conduisait
parfois  à  des arnaques, mais plus
rarement  à  des   poursuites  judi-
ciaires.   «  En  vingt  ans,  je   n'ai
reçu  qu'une  seule  plainte  contre
une       société       de      pompes
funèbres  » assure  Laure Zehnac-
ker,  la présidente de défense des
consommateurs essonniens.          
  « Les   gens   n'osent     pas    se
plaindre.  Ils ont peur du  « qu'en-
dira-t-on  » et, par superstition, ne
veulent  pas  que  la  mémoire   du
défunt soit troublée par une affaire
de sous  ».                                  
    Même  si,  dans  un moment de
deuil, on n'a pas forcément la tête
à discuter les prix, la possibilité de
le  faire constitue un progrès indé-
niable.                                         

     D'autant   qu'il    faut    voir  les
choses   telles  qu'elles  sont  :    le
funéraire  représente en France un
marché  de  près  de  18  milliards
de  francs  qui n'est pas près de se
réduire,  alors  que   la  génération
des  baby-boomers  commence  à
peine à prendre de l'âge...            
                          Ludovic Bischoff

 

Questionner, comparez,
discutez...
    Si  l'on peut aujourd'hui  choi-
    sir    sa   société  de    pompes
    funèbres,      encore       faut-il
être  informé  sur les produits  et
les prestations proposées. L'As-
sociation    française   d'informa-
tion  funéraire  (Afif)  a  mis    au
point  une  liste  de  questions  à
poser  aux  prestataires avant de
prendre toute décision.              
    «  Légalement, on dispose  de
six  jours   ouvrables  avant    de
procéder   à   l'inhumation   d'un
corps.  Il  y  a  donc le temps de
sélectionner  une  entreprise.   Si
la  société  refuse  de   répondre
par     téléphone     allez       voir
ailleurs !   »    n'hésite    pas      à
conseiller   Michel   Kawnick, le
président de l'association.          
    Selon  lui,  il ne faut donc pas
avoir   peur   de  demander  des
précisions  sur   les   honoraires,
les  frais éventuels pour l'organi-
sation  de  la  cérémonie, le pre-
mier prix pour un cercueil équipé
en chêne  ou  équipé pour le cré
mation  (avec capiton, poignées,
plaque, vis...) ou  encore le coût
pour le corbillard et les porteurs.
    Outre ces questions, il ne faut
pas  non  plus  hésiter  à deman-
der  un  devis  par  écrit.   «   Et
n'écoutez  pas les recommanda-
tions  éventuelles  qui pourraient
vous  être faites par des profes-
sionnels  de type infirmiers, per-
sonnels  de  chambre mortuaire,
employés  de   mairie,  fleuristes,
etc. Elles sont illégales et punies
la  loi.  Et,  bien  souvent,   elles
sont  motivées  par une rémuné-
ration  de  la part de l'entreprise
recommandée  »  ajoute Michel
Kawnick.                                
    Vous    trouverez   tous    ces
conseils  et  biens d'autres sur le
site   Internet    de   l'association
(www.afif.asso.fr)  et vous pou-
vez   contacter   la  permanence
téléphonique de l'Afif  24 heures
sur 24 (!) au 01.45.44.90.03.    

 

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