LE FIGARO

2 décembre 2016

 

La proposition de loi a été adoptée à une large majorité mercredi à l'Assemblée nationale. Un projet contesté par les sociétés de pompes funèbres qui dénoncent une «concurrence déloyale»

 

L'Assemblée nationale a adopté mercredi la proposition de loi sur les «funérailles républicaines». Déposée il y a deux ans par les députés socialistes, elle prévoit d'obliger les communes, ayant une «salle adaptable», de la mettre gratuitement à disposition des familles qui en font la demande. «Je suis satisfait. C'est une loi d'intérêt général qui répond à une forte demande des familles. Il faut savoir que plus de 30 % des Français souhaitent des obsèques laïques», confie le rapporteur du texte Hervé Féron (PS).

Pour le directeur général des services funéraires de la Ville de Paris, François Michaud-Nérard, cette loi était nécessaire. «Il y a une inégalité en cas d'inhumation. Même si l'on est athée, on a besoin d'une cérémonie et d'un rite funéraire, ce qui n'est pas possible actuellement, car il n'existe aucun lieu pour célébrer une telle cérémonie.»

Un avis partagé par l'Association française d'information funéraire (Afif): «Nous exigeons de longue date la possibilité pour les personnes endeuillées de pouvoir se rassembler dans un lieu ni “commercial” ni “religieux”.» Président de l'Afif, Michel Kawnik explique que «la France républicaine et laïque se doit de mettre gratuitement à disposition un espace municipal pour une réunion civile d'hommage».

La proposition, qui voulait que ce soit les maires ou leurs adjoints qui officient lors des obsèques, a été amendée. Finalement, les élus pourront décider s'ils souhaitent le faire ou pas. Des modifications jugées «rassurantes» par l'Association des petites villes de France (APVF). «Ces funérailles seront finalement à l'image des baptêmes républicains qui existent déjà», explique Olivier Dussopt, président de l'APVF.

«Concurrence déloyale»

Ce projet, qui passera devant le Sénat mercredi prochain, se heurte pourtant à la contestation des professionnels des pompes funèbres. «Notre mission est de service public. Pour exercer cette profession, les agents funéraires sont formés et obtiennent un diplôme national», martèle Florence Fresse, déléguée générale de la Fédération française des pompes funèbres.

Un argument que rejette Hervé Féron, député PS de Meurthe-et-Moselle. Pour lui, il appartient à la République d'organiser des obsèques laïques. «Les pompes funèbres ne vont pas nous faire pleurer, ils vont continuer à travailler. La formation pour être maître de cérémonie est très courte. Vous croyez que c'est en une semaine qu'on apprend la psychologie?», s'emporte le maire de Tomblaine. Député LR de la Manche, Philippe Gosselin précise quant à lui qu'il ne voit «sur le principe absolument rien de choquant» au texte, mais s'interroge sur son «utilité». Il conteste l'affirmation du rapporteur selon lequel cela n'aurait «aucun coût» pour les communes et souligne que «tous les professionnels du funéraire» ont une obligation de formation, parce qu'«on ne s'adresse pas n'importe comment à une famille endeuillée».

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