REPONSE A TOUT
 

29 novembre 2010

 

 

Katy Le Moël
 

Comment préparer des obsèques? Quelles pratiques sont autorisées? Qui règlera la note? La mort est inéluctable et pour bien s'y préparer, mieux vaut être bien armé avant le jour J. Réponse à tout! vous répond sans tabou.

   

 

Si nous sommes de plus en plus nombreux à en parler, la mort et les funérailles restent des sujets tabous. Regardez autour de vous, savez-vous ce que votre père ou votre grand-mère désire pour sa dernière demeure? Et vous, y avez-vous réfléchi ? L'inhumation reste le choix de la majorité des Français, mais la crémation gagne du terrain: en 30 ans, elle est passée de 1% à plus de 30%. Voir ses cendres dispersées sur la plage de son enfance, être enterré sous l'arbre où on a demandé sa femme en mariage… Tout n'est pas possible.

Il y a des règles à respecter et un passage obligatoire par la case pompes funèbres.
Difficile de chiffrer à l'avance un budget funérailles. Les prix sont libres. «Un même service ou produit peut être facturé jusqu'à 700% plus cher selon l'entreprise funéraire», indique Michel Kawnik, président de l'Afif qui constate que le coût des obsèques a bondi de 35% en 10 ans. Selon une enquête de l'UFC Que choisir de 2008, les devis établis à partir d'une demande identique peuvent varier de 1.586€ à 10.248€! Faire jouer la concurrence devient alors essentiel et se poser les bonnes questions aussi.
 

Quel jour pour les funérailles?

Si les pompes funèbres sont joignables 24h sur 24, ce n'est pas le cas des cimetières et des crématoriums. Inhumation ou crémation devront être réalisées aux horaires d'ouverture. Etre enterré un samedi ou un dimanche s'avère ardu car les maires l'interdisent souvent le week-end : cela troublerait l'ordre public. Mais il existe des exceptions: aux Antilles, si le décès survient un samedi matin, les fortes températures gênent la conservation du corps ou pour les personnes de confession juive qui doivent être enterrées dans les 24 h, le préfet accordera une dérogation pour une inhumation le lendemain.

 

Utiliser son break pour économiser sur le corbillard?

Impossible! La loi impose que le corps soit transporté jusqu'au cimetière dans un véhicule d'un organisme funéraire. Oubliez aussi votre break pour ramener le corps en cas de décès dans une maison de retraite ou à l'hôpital. Pas de dérogation possible, il faut utiliser un véhicule spécial agréé.

 

Où peux-t-on disperser les cendres?

Depuis fin 2008, le sort des cendres est règlementé. Elles peuvent être dispersées partout en France en pleine nature sauf sur la voie et les espaces publics. Oubliez donc la Dame de fer mais pas l'avion ni la mer si vous volez à 300m des côtes. L'autorisation du maire de la commune du lieu de naissance du défunt ou de dispersion est requise histoire de garder une trace et de rendre le recueillement possible. En revanche, impossible de partager les cendres.

 

Peut-on tout organiser?

Oui, mais ne comptez pas creuser vous même la tombe ou allumer le bucher! Un opérateur de pompes funèbres est chargé des détails techniques (transport du corps…). Oubliez aussi le cimetière perché sur le Mont-Blanc, l'inhumation doit avoir lieu dans la commune de décès, là où vivait le défunt ou dans un caveau de famille ou de quelqu'un qui l'autorise.

 

Comment exprimer vos dernières volontés?

Parlez-en à vos proches, rédigez-les et conservez-les chez vous, chez un notaire ou indiquez-les dans un contrat d'assurance obsèques. A défaut, vos proches décideront. En cas de désaccord, le juge d'instance désignera l'organisateur.

 

Peut-on se transmettre les cendres de génération en génération?

Non pour les crémations postérieures à la loi de 2008. Vous ne devriez même pas les conserver chez vous. En agissant ainsi, vous les «confisquez». Vous ne respectez pas le droit de se recueillir en privant ceux qui le souhaitent d'honorer le défunt. Vous avez le choix entre plusieurs sépultures. L'urne peut être déposée dans un columbarium (lieu dédié dans un cimetière), inhumée dans une concession, une propriété privée ou dans la mer.
Enterrer l'urne ou disperser les cendres? Le défunt n'a pas formulé ses souhaits. Il faut alors réunir la famille pour faire un choix. A défaut de décision, les crématoriums peuvent conserver les urnes pendant un an au plus.

 

Peut-on être enterré avec son chien?

Médor, Félix ou Titi ne reposera pas près de vous. Contrairement à la Grande-Bretagne où il existe un cimetière permettant aux maitres de reposer avec leur compagnon, la France interdit d'être inhumé avec un animal. C'est une question de décence, la dépouille d'un humain ne peut côtoyer celle d'un animal. Pour reposer en paix et en bonne compagnie, voici peut-être une solution. Vous pouvez être enterré avec des objets, rien n'interdit donc, lors de la mise en bière, de prendre une urne funéraire contenant les cendres de votre animal.

 

Qui paye les obsèques?

Pour éviter les tracasseries financières à votre famille, pensez au contrat d'assurance obsèques. Certaines formules prévoient leurs financement et organisation. Si rien n'a été prévu, les frais d'obsèques, à hauteur de 3.050€, peuvent être prélevés par la société de pompes funèbres sur le compte bancaire du défunt après autorisation de la famille et de l'établissement. L'ensemble des héritiers peut également demander que ces frais soient déduits du montant de l'actif de la succession dans la limite de 1.500€.
Les biens de la personne sont insuffisants? Les enfants ou le conjoint doivent alors supporter ces frais selon leurs ressources. Si le défunt était nécessiteux, la mairie peut régler les obsèques s'il bénéficiait de l'aide sociale ou si sa famille est également sans ressources.

 

Peut-on fabriquer son cercueil soi-même

Oui… si vous respectez des règles précises. Exit les briques ou l'osier, il doit être en bois, avoir un intérieur étanche, 4 poignées et être fermé par des vis. Pas irréalisable si vous êtes un tantinet bricoleur… Reste qu'avec un cercueil fait maison, aucune entreprise de pompes funèbres n'acceptera d'organiser vos funérailles… Elles ne veulent pas engager leur responsabilité sur un cercueil qu'elles n'ont pas fourni. Pour réaliser des économies, optez pour un cercueil en carton (400€). Bien moins chers que les autres, ils se font rares dans les catalogues…

 

Peut-on se faire enterrer dans on jardin?

Toute personne peut être enterrée sur une propriété privée «hors de l'enceinte des villes et des bourgs et à la distance prescrite». Comprenez: si votre commune compte moins de 2.000 âmes et que votre jardin est à 35m des habitations. La demande se fait à la préfecture qui diligente une étude hydrologique pour écarter tout risque de pollution des nappes phréatiques. Il faudra aussi obtenir l'autorisation d'inhumation du maire. Autant d'autorisations rarement accordées et lourdes de conséquences.
Vendre la propriété se corsera quand l'acquéreur saura que la sépulture doit rester intacte et ouvre un droit de passage pour la famille du défunt. Une urne peut en revanche être déterrée.

 

Peut-on être momifié?

La momification nécessite l'ouverture du crâne et l'éviscération du corps, pratique prohibée en France, les pompes funèbres n'ayant pas le droit de toucher la dépouille. Seuls les soins de conservation du corps, l'injection de produits retardant sa dégradation, par un thanatopracteur sont autorisés. Si rien ne vous convient, vous avez une troisième option: le don de votre corps à la science. Il tombe alors dans l'anonymat et vos restes sont inhumés dans le terrain commun du cimetière ou incinérés.

 

Toutes les épitaphes sont-elles acceptées?

L'inscription et/ou le dessin ne doit pas être contraire aux bonnes mœurs et à l'ordre public. Une croix gammée ou l'inscription «Assassiné par l'Etat» sur la tombe d'un contribuable qui s'est suicidé après un contrôle fiscal ne seront pas validées. Pour une inscription étrangère, un traducteur pourra être imposé afin de vérifier qu'elle n'est pas choquante. Si une inscription insolite est soumise à l'autorisation du maire, il n'en est rien pour la forme et la couleur de la pierre tombale tant qu'elle respecte bonnes mœurs et ordre public.

 

Quelle tenue pour le défunt?

Il est de coutume d'habiller les morts, mais rien, dans la loi, ne l'impose. Seule obligation, pour des raisons d'hygiène: reposer dans un cercueil. Eh oui, un corps, ça pollue! Libre à vous de partir avec votre bague de fiançailles au doigt, vos boutons de manchette 18 carats aux poignets ou avec votre ballon de football dédicacé par Zizou. Aucun texte n'interdit d'être enterré ou incinéré avec des objets. Il existe quand même une exception: les stimulateurs cardiaques équipés de piles au lithium doivent resterà la surface… Très polluantes, elles ont aussi l'inconvénient d'exploser lorsqu'elles sont soumises à de fortes températures.

 

Comment faire financer son enterrement?

Pour faire face aux frais, les proches du défunt peuvent bénéficier d'aides financières. Ils doivent se renseigner auprès des caisses primaires d'assurance-maladie. Si la personne était salariée et en activité au moment de son décès, son conjoint ou, à défaut, ses ascendants ou descendants directs bénéficient d'un capital décès. Autre piste, les mutuelles et les caisses de retraite peuvent participer aux frais. Il est conseillé aussi de vérifier que le défunt n'a pas souscrit une assurance décès, vie ou obsèques. On peut aussi se faire offrir par la commune une place au cimetière. Cela permet ainsi d'obtenir gratuitement une concession pendant 5 ans sur un terrain communal même si on a les moyens de s'acheter une concession. Au bout de 5 ans, la mairie récupère les restes et les fait incinérer dans un ossuaire.


 

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